¡BLACKOLERO!

Frank Black, Black Francis, Pixies, Breeders

12 février 2006

Le sens des songs : T-Y

Tame épingle une certaine tendance, notamment féminine, à se dénaturer complètement dans le but de séduire. «Là où je vis [à Boston], les femmes passent un temps fou à soigner leur apparence, pourtant elles sont ternes et médiocres et le resteront.» (Black Francis)

Ten Percenter : «les fous de soda, Iggy Pop et moi» (Frank Black). Le titre se réfère à la théorie - parfaitement fantaisiste d'ailleurs - selon laquelle la plupart des humains n’utiliseraient que 10% de leurs capacités cérébrales.

Thalassocracy évoque le monde marin et plus largement «l’humanité, la théorie de Gaïa, tout ça» (Frank Black).

There Goes My Gun : «Je parle juste des armes à feu, je suppose. Je voulais juste faire une chanson rock’n’roll cool.» (Black Francis)

Tony’s Theme : autre chanson inspirée par un camarade de chambrée du jeune Charles Thompson.

Trompe le Monde : expression probablement dérivée de «trompe-l’œil» (comme en témoigne la front cover de l'album). A noter que ce n'est pas la chanson Trompe le Monde qui a baptisé le disque, mais l'inverse : ne sachant quel titre donner à cette chanson, Black Francis aurait décidé de lui coller le nom de l'album.

21 Reasons : les vingt-et-une missions espagnoles qui ont, d’une certaine façon, fondé la Californie moderne au XVIIe siècle.

Two Reelers rend hommage aux Three Stooges, un trio comique des années 40-50, aujourd’hui tombé dans l’oubli ou tout au moins dans la ringardise. Le titre signifie littéralement «Deux bobines», longueur moyenne d’un court métrage des Stooges (20 minutes).

Two Spaces : une ode aux mondes aérien et marin, opposés mais pas si différents.

U-Mass : une charge particulièrement féroce contre une certain microcosme universitaire à la fois intello et vulgaire.

Valentine and Garuda : Garuda («aigle» en sanskrit) est un oiseau mythique, doté de pouvoirs fabuleux. Il est aujourd'hui l’emblème de l’Indonésie et de la monarchie thaïlandaise. «Je vais parfois visiter un temple hindou. Je ne suis pas hindou, mais j’aime ce côté "pas de chaussures ici" (…), me promener dans les environs, sentir les vibrations. Valentine… elle est avec moi.» (Frank Black)

Vamos : même thème qu’Isla de Encanta (Porto Rico, ses plaisirs, sa misère).

The Vanishing Spies : les satellites artificiels qui s’égarent dans l’espace.

Velouria évoque une habitante de la Lémurie, sorte d'Atlantide américaine qu’un cataclysme aurait engloutie voici plusieurs milliers d'années et dont la population se serait réfugiée sous le Mont Shasta, en Californie.

Violet : ode à la deuxième Mme Black (Violet Clark dans le civil).

Wanderlust : encore un hymne au voyage... et à la femme qu'on laisse derrière soi, sur le quai.

The Water : «Une chanson inspirée par mon père» (Frank Black).

Wave of Mutilation : l’un des titres les plus obscurs des Pixies. D’après Black Francis, son début fait ironiquement écho à une vieille rumeur selon laquelle le tueur psychopathe Charles Manson aurait écrit des textes pour les Beach Boys (!). Cependant, d’autres commentaires de l’artiste présentent cette chanson comme un hymne à la faune océanique ou, plus simple encore, comme un délire personnel sans thème particulier. Faites votre choix.

Weird at My School se réfère à une histoire vraie, celle d’un riche lycéen qui se servait de l’avion privé de son père pour importer de la drogue qu'il revendait à ses camarades.

Whatever Happened to Pong rend hommage au tout premier jeu vidéo, conçu et sorti au début des années 70.

Where Is My Mind : dans cette chanson, sans doute la plus fameuse des Pixies, Black Francis évoque l’étrange comportement d’un petit poisson qui l’aurait poursuivi alors qu’il nageait paisiblement dans la mer des Caraïbes...

Whiskey in Your Shoes : une chanson sur l’addiction à l’alcool et les diverses «bonnes» raisons qu’avancent les alcooliques pour justifier cette addiction.

White Noise Maker : dispositif produisant un son faible et continu, censé avoir un effet relaxant ou sécurisant.

You Ain’t Me : dans cette chanson rageuse et amère, Frank Black règle quelques comptes personnels avec Kim Deal, qui venait de décrocher la timbale avec son hit surprise Cannonball.

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11 février 2006

Le sens des songs : N-S

Nadine : un (très) chaud souvenir de jeunesse. «La chanson parle surtout de moi, de mon interaction avec cette Nadine et de son influence sur moi.» (Frank Black)

The Navajo Know : un hommage assez limpide aux Indiens (Mohicans en fait) qui travaillent en hauteur sur les chantiers.

New House of the Pope : traduction littérale de «Châteauneuf-du-Pape».

Nimrod’s Son : Nimrod est bien sûr le célèbre personnage biblique qui fit construire la Tour de Babel et défia Dieu par sa mégalomanie. Malgré cette évidence, la chanson elle-même est plutôt obscure.

No.13 Baby : «C’est un collage d’images de mon adolescence à Los Angeles. Traditionnellement le nombre 13 siginifie la malchance, mais en Amérique, particulièrement parmi les motards et les chicanos, il représente la 13e lettre de l’alphabet : M, pour marijuana.» (Black Francis)

Oh My Golly : la complainte d’un brave homme ensorcelé par une femme maléfique qui a ruiné sa vie. «Quelle que soit votre traduction de cette chanson [écrite en espagnol], c’est certainement une histoire d’amour, d’obsession et de surf.» (Black Francis)

Old Black Dawning évoque le fameux projet
Biosphere 2.

Olé Mulholland : William Mulholland est l’homme qui développa le réseau hydraulique de Los Angeles, assurant ainsi la survie et la croissance de cette ville cernée par le désert.

Out of State : chanson inspirée par Del Shannon (1934-1990), pionnier du rock'n'roll connu pour ses love songs amères, voire cruelles.

Palace of the Brine : le Grand Lac Salé, en Utah, où survivent miraculeusement de petites crevettes préhistoriques.

Parry the Wind High, Low : Frank Black y évoque divers gadgets testés lors d’une convention ufologique.

Places Named After Numbers : les trous noirs (thème qui a également inspiré Into the White).

Planet of Sound : un alien qui a intercepté un signal terrestre tente, en vain, de localiser sa provenance dans l’immensité de l’Univers.

Punk Rock City : comme son nom ne l’indique pas, cette chanson traite des manipulations génétiques.

Pure Denizen of the Citizen’s Band : propriétaire d’une citizen’s band radio, Frank Black s’étonne plus ou moins naïvement de n’avoir pu s’intégrer à la communauté des CBistes, largement composée de routiers.

Raider Man : après un tragique accident qui lui a coûté ses deux jambes, un mineur polonais gagne sa vie comme vigile, en cognant sur ses anciens compagnons de mine. Une chanson très dylanienne dans l'âme...

The Real El Rey fait référence à un mythique café-restaurant de Globe, en Arizona.

Robert Onion : hommage crypté à Robert Zubrin, auteur d'un livre imaginant la conquête de Mars au début des années 2010. La chanson est en fait un long acrostiche indiquant en filigrane le nom du scientifique et le titre de son ouvrage (ROBERT THE CASE FOR MARS ZUBRIN).

The Sad Punk : d’après Black Francis, une chanson «sur les dinosaures, l’extinction». D’après certains fans lettrés, une subtile évocation de L’Etranger, de Camus.

San Antonio, TX raconte un séjour avorté dans la ville texane.

Selkie Bride : dans le folklore celtique, les selkies sont des créatures présentant l’apparence d’un phoque, capables de se métamorphoser en homme ou femme pour séduire un membre du sexe opposé. Le plus souvent, le selkie finit par regagner la mer, abandonnant son amant(e) à un désespoir sans fond. «J’ai commencé à écrire [cette chanson] il y a quelques années, ce n’était pas une chanson personnelle. Elle ne me satisfaisait pas vraiment [alors] je l’ai amenée chez ma thérapeute, je lui ai lu les paroles et elle m’a dit : "Bon, OK, je vois le problème… vous savez qui est la Selkie Bride, n’est-ce pas ? (…) Maintenant que vous savez de quoi parle cette chanson, je pense que vous pourrez la finir." Elle avait raison !» (Frank Black)

Sing for Joy : «C’est mon épopée. C’est tiré de ma vie, du tout début jusqu’au présent. C’est plutôt sombre. Il y est question de romance, de meurtre, de cœurs brisés. Toutes sortes de trucs qui sont arrivés aux gens de ma famille, ainsi qu’à moi personnellement. Mais c’est surtout une chanson sur les plaisirs simples que la vie offre à tout le monde, y compris la musique. Quelquefois, aussi merdiques que soient les choses, il suffit de danser un peu. Ça peut paraître banal mais c’est une grande vérité.» (Frank Black)

Sir Rockaby : la Terre tournant autour du Soleil.

Skeleton Man évoque un squelette vieux de 800 ans découvert par le jeune Charles Thompson alors qu’il étudiait l’archéologie.

Smoke Up évoque probablement la découverte du feu et ses conséquences.

The Snake : avec ironie, Frank Black explique l’échec de son couple par l’astrologie chinoise. Il note que traditionnellement, le serpent (son signe) s’accorde mal avec le lapin (signe de son ex-femme).

So. Bay : South Bay, banlieue sud-ouest de Los Angeles où Frank Black a passé son adolescence.

Solid Gold : d'après certaines sources cette chanson évoque la folie routière à Los Angeles. A confirmer.

Space Is Gonna Do Me Good : chanson obscure où il semble être question d’un voyage spatial en 2016.

Speedy Marie : première chanson dédiée à celle qui était alors Mme Black. Le dernier couplet révèle, en acrostiche, le nom complet de la dame : Jean Marie Walsh.

St. Francis Dam Disaster raconte, du point de vue de l’eau, la catastrophique inondation consécutive à la rupture du barrage de St. Francis, près de Los Angeles, le 12 mars 1928.

Steak’n’Sabre : d’après certains, un restaurant où Frank Black aurait ses habitudes. Pour d’autres, un restaurant fictif et fantasmé.

Strange Goodbye : «J’ai chanté cette chanson avec celle qui était en train de devenir mon ex-femme. Nous avons des relations très amicales, c’est pourquoi cette chanson a une vibration heureuse. Nous étions un couple heureux, à présent nous sommes un couple divorcé heureux. C’est notre façon de rire de tout ça, (…) de dire [à nos amis]: «Allez les gars, buvons un coup, soyons heureux et faisons la paix avec tout ça.» (Frank Black)

Stupid Me : classique complainte de celui / celle qui réalise trop tard qu’il / elle vient de perdre un véritable amour.

Subbacultcha : déformation de «subculture», terme désignant ici la culture adolescente / étudiante, qui doit plus aux modes qu’à autre chose. «Une vieille chanson que j’ai écrite pour une fille qui est devenue ma petite copine par la suite. Elle n’a jamais su que c’était pour elle, mais je pense qu’elle s’en doutait. C’est une chanson très agressive.» (Black Francis)

Suffering : Frank Black aurait écrit cette chanson pour un ami victime d’un grave accident de voiture.

Superabound évoque les monstres et autres anomalies de la nature qui faisaient jadis le bonheur des cirques.

The Swimmer : peut-être Elian Gonzales, cet enfant de 6 ans, repêché au large de la Floride par les garde-côtes américains, qui déclencha bien malgré lui un conflit entre les USA et Cuba en 1999.

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10 février 2006

Le sens des songs : I-M

I Bleed : de l'aveu même de Black Francis, les deux premiers couplets ne sont qu’un exercice de style dépourvu de sens. Le troisième évoque un site archéologique en Arizona.

I Burn Today évoque les prédictions faites à Frank Black par une cartomancienne. Certains croient y déceler des allusions à diverses drogues. Moi non.

I Don’t Want to Hurt You (Every Single Time) : une love song au sens évident, pour une fois. «Tout le monde, je l’espère, pourra s’y reconnaître.» (Frank Black)

I Gotta Move : hommage à Peter Ivers et Jack Nance, respectivement auteur de la BO et interprète d'Eraserhead, film glauque et branché de David Lynch. Tous deux connurent une fin tragique et prématurée. Ivers, notamment, fut sauvagement assassiné chez lui en 1983, dans des circonstances qui n’ont jamais été éclaircies.

I Heard Ramona Sing : hommage aux Ramones, célèbre gang punk-rock des années 70-90.

I’ll Be Blue : dans cette chanson, Frank Black reconnaît qu'il n'est pas toujours aimable et souriant avec ses fans ; il s'en excuse mais ajoute qu'il ne changera pas. (NB : il a tout de même beaucoup changé, et en mieux, depuis la réunion des Pixies et la naissance de son premier enfant...)

I Need Peace : tout est dans le titre, et le titre est fort clair.

I Switched You : un homme récemment quitté par sa compagne se venge en l'envoyant promener lorsqu'elle revient à lui, pleine de regrets.

I've Seen Your Picture évoque la chaîne de magasins Wal-Mart et plus particulièrement son logo, omniprésent aux Etats-Unis.

I Want Rock & Roll rend hommage… eh non, pas au rock’n’roll mais au blues, au reggae, au twist, à la country music et à quelques-uns de leurs héros aujourd’hui oubliés.

If Your Poison Gets You évoque assez clairement le calvaire d'une femme victime du cancer (ou d'une maladie génétique ?) et l'angoisse de ses proches.

In the Time of My Ruin : Frank Black y évoque sa rencontre avec Violet, sa deuxième épouse, synonyme de renaissance après une pénible - mais nécessaire - traversée du désert.

Into the White évoque les trous noirs.

Isla de Encanta : Porto Rico.

Jaina Blues : claire référence au jainisme, religion dérivée de l’hindouisme.

Jane the Queen of Love : peut-être une autre évocation du jainisme. Ou une ode à celle qui était alors Mme Black. Ou les deux.

Jesus Was Right : le titre reste un mystère, mais la chanson évoque clairement la solitude d’une certaine jeunesse livrée à elle-même.

Jet Black River évoque l’appel de la route.

Johnny Barleycorn : célèbre figure du folklore anglo-saxon, Johnny Barleycorn est l'incarnation humaine du grain d'orge, utilisé dans la fabrication de la bière et du whisky. La chanson évoque les diverses «tortures» qu'il subit, correspondant aux différentes étapes de la transformation de l'orge.

Kicked in the Taco : comme Big Red, mais de façon plus hermétique, cette chanson traite de la terraformation de Mars, un thème cher à Frank Black. Le titre est tiré des dialogues d’un film obscur, Reuben and Ed.

La La Love You : une chanson qui «parle de tout sauf d’amour» (Black Francis).

The Last Stand of Shazeb Andleeb : hommage à un jeune Pakistanais victime, le 18 mai 1995, d’une agression fatale à la Narbonne High School de Harbor City (Californie), établissement que fréquenta le jeune Charles Thompson au début des années 80.

Letter to Memphis : «une chanson d’amour» (Black Francis). A noter que la Memphis dont il est ici question est la capitale de l’ancienne Egypte, pas la célèbre ville du Tennessee.

Llano del Rio : fondée vers 1913 dans l’Antelope Valley (Californie du Sud), la Colonie coopérative de Llano del Rio testa concrètement les principes socialistes pendant une vingtaine d’années avant de se dissoudre vers 1937. Ses ruines sont toujours visibles aujourd’hui.

Lone Child : «Une chanson sur une femme que je connais» (Frank Black).

Los Angeles rend hommage, non pas à la mégapole californienne, mais à ses restitutions cinématographiques (dans Blade Runner entre autres) et à ses humbles homonymes du monde entier (de Patagonie du Sud notamment). Au-delà, on ne peut que se perdre en conjectures...

Make Believe : «Une chanson que j’ai écrite pour David Lovering, une chanson d’amour dédiée à Debbie Gibson» (Black Francis). Deborah Gibson, blondinette née en 1970, n’avait que seize ans quand elle s’est imposée sur la scène pop avec un single (Foolish Beat) écrit, produit et interprété par elle-même.

The Man Who Was Too Loud : hommage au songwriter, chanteur et guitariste Jonathan Richman.

Manitoba : relecture poétique, voire mystique, de la tragique mésaventure vécue par une habitante de cette province canadienne. Une nuit d’hiver glaciale, intriguée par des lumières rouges dans le lointain, cette femme s’aventura hors de chez elle et s’égara dans une profonde forêt. Secourue trois jours plus tard, elle échappa à la mort mais perdit à jamais l’usage de la parole et fut finalement confiée pour le restant de ses jours à une institution.

Manta Ray & Dancing the Manta Ray : deux chansons inspirées par une observation d’ovni faite par la mère de Frank Black dans le Nebraska, pendant l’été 1965.

The Marsist : Richard Hoagland, auteur du best-seller Monuments of Mars (1987), consacré notamment au fameux «visage de Mars».

Massif Centrale (sic) raconte un exil (bref ou rêvé) dans cette belle et rude contrée française. «Peut-être qu’il y a un rayon d’espoir dans Massif Centrale, mais même avec ce rayon (…) le centre de la France peut être vraiment froid et isolé.» (Frank Black)

Men in Black : les mystérieux individus (G-Men ou aliens) chargés, d’après le folklore ufologique américain, de réduire les observateurs d’ovnis au silence.

Modern Age est un hymne décalé aux voyages dans le temps.

Monkey Gone to Heaven évoque la pollution des mers et le fameux trou dans la couche d’ozone sous un angle mystique et symbolique. A noter que le titre et le refrain n’ont strictement aucun rapport avec le reste.

Motorway to Roswell évoque bien sûr le célèbre crash de «soucoupe volante» dans le désert du Nouveau-Mexique, en juillet 1947.

Mr. Grieves : «C’est sur la fin du monde, je suppose. Mr. Grieves, c’est le personnage de la mort dans la mythologie. (…) Il y a cette théorie qui dit que, s’ils ne sont pas plus intelligents que nous, les animaux sont très conscients de ce qui se passe et que si nous pouvions communiquer avec eux ils pourraient nous révéler [le] futur.» (Black Francis)

My Favorite Kiss : «Une bonne road song, en fait. Du genre : dans une minute je serai parti, chérie, et nous ne nous reverrons plus, alors à plus tard… N’est-ce pas romantique ?» (Frank Black)

My Life Is in Storage : «C’est une chanson sur mon déménagement de Los Angeles à Portland, sur le dépôt de mes affaires dans un garde-meuble, sur mon changement de vie.» (Frank Black)

My Terrible Ways évoque l'histoire tragique d'un détenu du Mississippi qui, pendant le passage de l'ouragan Katrina en 2005, aurait sauvé trois vies tout en perdant sa famille entière dans le désastre.

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09 février 2006

Le sens des songs : D-H

Dead évoque l’amour maudit du roi David pour Bethsabée. Celle-ci étant déjà mariée à l’un de ses officiers, David se débarrassa définitivement de l’importun en l’envoyant à la guerre. Dieu le punit en tuant son premier enfant.

Debaser se réfère clairement à Un chien andalou, le célèbre film de Buñuel, vu par Black Francis comme une atteinte jouissive à la moralité (d’où le titre de la chanson, qu’on pourrait traduire par «dégradeur»).

Dig for Fire «parle probablement de cet été que j’ai passé à travailler sur des sépultures et à regarder le ciel, en tant qu’étudiant en archéologie» (Frank Black). «C'est du pur non-sens, une mauvaise imitation des Talking Heads.» (Black Francis)

Distance Equals Rate Times Time : «Je veux dire que j'adore la télé et que je la déteste.» (Frank Black)

Dog Gone brode sur un propos de Jean Walsh (ex-Mme Black), qui aurait un jour affirmé que seul le crash d’un météore sur la Terre pourrait la séparer de son chien…

Dog in the Sand : sauf erreur ou naïveté de ma part, Frank Black y évoque tout simplement le plaisir apaisant d’une promenade sur la plage avec son chien.

Don’t Ya Rile ’Em évoque «l’avènement de électricité dans la vie moderne» (Frank Black).

Ed Is Dead : «Ça parle de cette fille, cette drôle de fille - elle était handicapée mentale, n'avait pas d'amis et se baladait partout en vélo avec un transistor attaché à son guidon, crachant de la musique à fond de ballon» (Frank Black).

85 Weeks : musicien excentrique et grand raconteur de bobards, Don Van Vliet (Captain Beefheart) avait réussi à faire croire aux médias et même à son groupe, le Magic Band, qu’il avait passé 85 semaines sans fermer l’œil une seule fois. Eric Drew Feldman, ex-membre du Magic Band, fit à son tour avaler cette couleuvre à Frank Black.

End of Miles : une déclaration d’amour à la Californie, terre de (relative) sérénité «au bout des miles».

Every Time I Go Around Here : «une chanson d’amour à travers l’espace-temps» (Frank Black).

Everything Is New évoque en parallèle trois destins tragiques de musiciens (Chet Baker, Hank Williams, Johnny Horton).

The Farewell Bend : possible référence à un célèbre site de l’est de l’Oregon, où les pionniers faisaient halte avant de gagner la côte Pacifique.

Fast Man : Frank Black y évoque son amour de la route et son goût pour l'errance, les voyages sans but.

Fazer Eyes : une love song aux allures de space song. Et vice-versa.

Fiddle Riddle : la fin de l’humanité et la survie des machines, vues et racontées par la Terre. Une chanson inspirée par un récit de SF.

Fitzgerald : dans cette chanson, Frank Black rend hommage à un brave type, mi-clochard, mi-artiste, qui fréquentait autrefois le bar de son père, payant ses consommations en tableaux peints de sa main.

Freedom Rock est une chanson satirique mettant en scène trois personnages : un fan de rock élitiste, un sourd et l’employé d’un magasin de disques.

Fu Manchu : apparemment un hymne aux moustaches...

Gigantic a été inspirée à Kim Deal par le film de Bruce Beresford Crimes of the Heart, racontant l’attirance (plus que sentimentale) d’une femme mariée pour un adolescent noir.

Golden Shore : un hommage évident à Bob Dylan, plusieurs fois cité. On peut penser que Frank Black y évoque ses propres ambitions musicales...

Gouge Away : encore une chanson inspirée par un tragique amour biblique, celui de Samson pour Dalila, chargée par les Philistins de découvrir le secret de sa force.

(Do What You Want) Gyaneshwar évoque le double visage d'un célèbre religieux indien (Swami Sadanand Sant Gyaneshwar) qui menait parallèlement une carrière de gangster. Gyaneshwar fut abattu, avec sept de ses disciples, le 10 février 2006.

Hang On To Your Ego (première version de I Know There’s An Answer de Brian Wilson) évoque l’effet dépersonnalisant des drogues dures.

The Happening rend un hommage gentiment ironique à un certain Bill Goodman qui animait autrefois, depuis Las Vegas, un célèbre radio show consacré aux ovnis (The Bill Goodman Happening).

Havalina : d'après Kim Deal, Black Francis aurait écrit cette charmante love song après avoir été poursuivi, avec sa petite amie, par un cochon sauvage (havalina) en Arizona…

Headache : une variation sur l’un des thèmes favoris de Frank Black, les voyages dans le temps. «This wrinkle in time» («ce pli dans le temps») est une évidente allusion à un ouvrage scientifique paru en 1993, portant un titre quasi identique et traitant entre autres de l’origine de l’Univers.

Heloise : il s’agit bien sûr de la célèbre Héloïse du XIIe siècle, jeune aristocrate lettrée qui fut arrachée à son époux secret (Abélard) et enfermée pour le restant de ses jours dans un couvent.

Here Comes Your Man : peu de gens s’en doutent, ce bijou pop-rock raconte en fait une histoire de clochards itinérants qui, à peine arrivés en Californie par le train, perdent la vie dans un tremblement de terre.

Hermaphroditos : fils d’Hermès et Aphrodite, éphèbe devenu mi-homme mi-femme.

Hey évoque l’acte sexuel en tant que moyen de reproduction. Acte «triste» en tant que tel mais «vraiment surprenant» dans sa finalité (dixit Black Francis).

His Kingly Cave : Frank Black y raconte en détail un bref séjour qu'il a fait à Graceland (résidence historique du «King» Elvis Presley), gâché par une consommation excessive de champignons hallucinogènes…

The Holiday Song : un hymne (pas si) crypté au plaisir solitaire.

Honeycomb : «Je suppose que je parle de religion. Mais (…) n’ayez pas peur, c’est juste une chanson. Oui, c’est une chanson très étrange, inspirée de mes souvenirs… de mes souvenirs d’enfance, je suppose.» (Frank Black)

Hostess with the Mostest : le Del Amo Mall, à Torrance (Californie), qui fut longtemps le plus grand centre commercial du monde.

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08 février 2006

Le sens des songs : A-C

Bon nombre d'infos figurant dans cette section proviennent de Frankblack.net (discopedia et forum), du Frank Black Song Index, d'Alec Eiffel, d'eyesore et de divers autres sites plus modestes, trop nombreux pour être listés ici. Un grand merci à leurs auteurs, dont les recherches ont considérablement facilité les miennes...

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(I Want To Live on an) Abstract Plain évoque le monde des mathématiques.

Adda Lee : «Une personne que j’aimais beaucoup et qui est morte.» (Frank Black)

The Adventure and the Resolution sont les noms des deux navires du capitaine Cook, qui explora la Nouvelle-Zélande et découvrit plusieurs archipels des mers du Sud entre 1768 et 1778.

Alec Eiffel : Gustave Alexandre Eiffel, «pionnier de l’aérodynamique».

All My Ghosts fait clairement allusion au Livre d’Enoch (dans l'Ancien Testament), qui raconte comment des anges déchus, jaloux des hommes, s’accouplèrent avec leurs femmes pour donner naissance à une race de géants. Le reste est plus obscur…

All Over the World : «C'est de la spontanéité totale, je crie et saute dans tous les sens et ça finit par une chanson complètement différente. Notre producteur était vraiment énervé parce qu'il n'y pigeait rien. Mais moi non plus ! (...) Je lui ai dit : "(...) Voyons juste ce que ça donne, OK ?" Et au final, c'est devenu sa chanson préférée.» (Black Francis)

Allison : «une chanson sur une fille prénommée Alison, mais bien sûr Elvis Costello avait déjà écrit une chanson portant ce titre, alors j’ai dû changer ça.» (Black Francis)

Ana : «une chanson surf basée sur des anagrammes. D’où son titre.» (Black Francis, confondant anagramme et acrostiche)

Another Velvet Nightmare : «[Le message] est un peu du genre : "Je peux me prendre en main. Oui, j’étais détruit, mais laisse-moi te raconter ça"…» (Frank Black)

At the End of the World rend hommage à John Candy, acteur comique canadien, décédé en 1994 à 43 ans.

Bad Harmony : la fausse harmonie d’un couple fusionnel qui s’achemine vers sa fin sans s’en rendre compte.

Bad, Wicked World : ode à David Vincent, héros de la série Les Envahisseurs.

Bartholomew : un SDF que Frank Black rencontra un jour à la sortie d’un studio.

Big Red évoque les projets de terraformation de la planète Mars.

Billy Radcliffe : une chanson d’anticipation racontant la vie et la mort du «premier gars né dans l’espace», propriété d’un Etat cynique et sans scrupules.

Bird Dream of the Olympus Mons : pour une fois, le titre («Oiseau rêvant du Mont Olympus») dit tout.

Black Latter Days : ces jours de routine déprimante qui composent l’ordinaire d’une vie humaine.

Blast Off : un hymne aux voyages spatiaux et plus particulièrement à la (très théorique) propulsion photonique.

Blown Away : «Une de ces chansons d’amour à la Neil Young (...). Elle ne parle de personne en particulier.» (Black Francis)

Bone Machine & Break My Body évoquent de façon cryptée une certaine partie de l’anatomie féminine et l’appétit (au sens presque littéral du mot) qu’elle peut susciter.

Brackish Boy raconte l’histoire vraie d’un jeune Mexicain adopté par des Norvégiens et tragiquement obsédé par son pays d’origine.

Broken Face : «Il y avait l’histoire de ce type qui a eu deux enfants avec ses sœurs… qui étaient ses filles… euh, comment dire… qui étaient ses amantes préférées.» (Black Francis)

Bullet : après la mort de son père en 1999, Frank Black découvrit chez lui douze revolvers non déclarés, contenant chacun une balle. D'où cette chanson par ailleurs assez obscure, où il est question de visiteurs extraterrestres et de révolution.

Cactus : complainte d’un détenu suppliant sa petite amie de lui envoyer sa robe imprégnée de sa transpiration et de son sang.

California Bound rend hommage aux premiers pionniers arrivés en Californie, au XVIIe siècle.

Calistan : un voyage «à travers les couches de l'histoire californienne, depuis la période pré-Navajo (…) jusqu’à un certain moment entre aujourd’hui et Blade Runner» (Frank Black).

Caribou «donne un peu dans l’animisme, peut-être un peu dans la réincarnation. Le vrai sujet c’est la chasse, le caribou.» (Black Francis)

Crackity Jones : «Jones le fêlé», un ancien compagnon de dortoir du jeune Charles Thompson à Porto Rico. Drogué, homosexuel et plutôt perturbé mentalement, Jones était obsédé par un certain Paco Picopiedra. Charles découvrit bien plus tard que ce mystérieux Paco n'était autre que le héros des Pierrafeu version espagnole (Fred Flintstone en VO).

The Creature Crawling : «une chanson sur les monstres» (Frank Black).

The Cult of Ray : hommage à l’écrivain de science-fiction Ray Bradbury. La chanson fait clairement allusion à une lecture publique donnée par celui-ci.

Czar : hommage à John Denver, songwriter décédé en 1997, qui connut son heure de gloire dans les années 70. Comme Frank Black, Denver était fasciné par l’espace : il alla jusqu’à offrir une fortune à la NASA puis à l’Agence spatiale soviétique pour embarquer à bord d’une de leurs navettes. En vain faut-il le dire.

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07 février 2006

V - Résurrections (2001-2006)

En janvier 2001 sort Dog in the Sand, le sixième album de Frank Black (le troisième enregistré avec les Catholics), un pur bijou folk-rock, produit avec talent par Nick Vincent et magnifié par les claviers d’Eric Drew Feldman et la guitare de Joey Santiago. La surprise est totale. Pratiquement ignoré depuis 1995, Charles fait un retour en force dans les pages de la presse rock. De leur côté, les Breeders nouvelle formule, rejoints à la production par le fidèle Steve Albini (déjà maître d’œuvre de Pod), enregistrent le très sobre mais très bon Title TK. Reconverti en magicien (!), l’ex-batteur des Pixies, David Lovering, assurera la première partie de leurs concerts en 2002.

Plus inspiré que jamais et probablement réconforté par le succès (au moins critique) de Dog in the Sand, Charles s’offre le luxe d’enregistrer deux albums en quelques semaines. Tous deux sortiront le même jour, en août 2002. Le généreux Black Letter Days s’inscrit dans la veine folk de Dog in the Sand ; rapide et nerveux, excellemment produit, Devil’s Workshop, de loin le meilleur album pop-rock de Frank Black depuis Teenager of the Year, semble faire du pied aux fans des Pixies. En vain d’ailleurs, car si les critiques apprécient, le public semble une fois de plus faire la sourde oreille.

2003 est une année charnière pour Charles, à bien des points de vue. Divorcé depuis peu, plutôt déprimé, il se réfugie dans la musique pour accoucher petit à petit d’un album aussi ambitieux que personnel, à ce jour le plus riche de sa discographie. Outre les Catholics et les désormais fidèles Joey Santiago et Eric Drew Feldman, Show Me Your Tears mobilise des pointures légendaires comme Stan Ridgway (harmonica et banjo) et Van Dyke Parks (piano et accordéon) pour explorer à peu près tous les genres auxquelles le rock peut se marier : pop, folk, blues, country. Comme ses prédécesseurs, il est chaleureusement accueilli par la critique mais plutôt boudé par le public.

En juillet, deux mois avant la sortie de Show Me, Charles, interrogé par une radio britannique sur une éventuelle reformation des Pixies – dont il reprend quelques titres en concert depuis 2001 –, choisit pour une fois de ne pas s’énerver et répond avec ironie qu’il revoit régulièrement Joey, Kim et David pour jouer avec eux. La nouvelle, prise très au sérieux, se répand à la vitesse de l’éclair sur la planète rock. Si bien que Charles lui-même commence à envisager la possibilité d’une réunion pixienne. Après tout, il a déjà renoué avec Joey et David (qui a plusieurs fois assuré la première partie de ses concerts comme magicien) et a suffisamment mûri pour oublier les petits problèmes d’ego qui l’opposaient jadis à Kim. D’autre part, à l’heure où les Pixies sont enfin reconnus et encensés dans leur propre pays, et imités plus ou moins intelligemment par une quantité de formations opportunistes, ne serait-il pas juste et logique qu’ils récoltent enfin les fruits de leurs efforts et de leur talent ?...

La reformation des Pixies est officiellement annoncée en février 2004, en même temps que leur première grande tournée depuis douze ans, dont le coup d’envoi aura lieu à Minneapolis le 13 avril. Charles ne cache pas que cette réconciliation subite a largement été motivée par l’argent ; personne, d’ailleurs, ne l’aurait cru s’il avait prétendu le contraire. Il n’en assure pas moins que ce rapprochement a été sincère, facile et agréable. Les deux triomphales tournées américano-européennes de 2004 et 2005 montreront en effet quatre Pixies détendus, assurés et sans doute plus complices qu’ils ne l’ont jamais été.

Régulièrement interrogés sur un éventuel futur album, Charles et sa bande se contentent en général de botter en touche, laissant clairement entendre qu’un tel projet ne fait pas partie de leurs priorités. Le fait est que la réunion des Pixies n’a pas empêché Charles de faire deux enfants à sa nouvelle compagne, Violet Clark, ni de pondre deux nouveaux albums solo de haute tenue (Honeycomb et Fast Man / Raider Man), en attendant un troisième avec Eric Drew Feldman, actuellement en chantier. Quant à Kim, elle n’a pas l’intention de renoncer à ses Breeders, et devrait le prouver avant longtemps…

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06 février 2006

IV - Chacun son chemin... de croix (1993-2000)

Diablotin pop à mille facettes, soigneusement façonné par Eric Drew Feldman, Frank Black déboule dans les bacs en mars 93. On apprend par son livret qu’un certain Joey Santiago a participé aux sessions comme «musicien additionnel». L’album a beau se vendre plutôt bien en Grande-Bretagne et en France, il est boudé par la plupart des fans des Pixies, qui lui préfèrent le Last Splash des Breeders, beaucoup moins sophistiqué mais nettement plus rock.

Entre deux tournées strictement américaines, Charles, plus prolifique que jamais, trouve le temps et l’énergie d’enregistrer Teenager of the Year, son meilleur album à ce jour (et très certainement l’un des meilleurs albums indés de la décennie), qui sort en mai 94. De nombreux critiques qui avaient encensé Frank Black un an auparavant négligent bizarrement ce monumental opus de vingt-deux titres, qui ajoute à la pop chatoyante de son prédécesseur une bonne dose de piment rock. Du coup, les ventes peinent à décoller, même en Europe. Charles comprend que, journalistes ou simples fans, la plupart des admirateurs des Pixies étaient disposés à lui pardonner une fantaisie solo, mais pas deux. Son amertume est d’autant plus grande que Kim et ses Breeders, de leur côté, ont fait un malheur avec leur deuxième LP…

L’année 94 n’est pourtant pas rose pour Kim. Un an après le triomphe de Last Splash, elle est lâchée par sa sœur Kelley, tombée dans la drogue, puis par Josephine Wiggs, et se voit contrainte de reprendre sa carrière solo à zéro. Qu’à cela ne tienne, elle recrute deux obscurs musiciens de Dayton, sa ville natale qu’elle n’a jamais vraiment quittée, pour fonder les Amps et enregistrer avec eux un album éponyme qu’elle a préparé et rodé seule chez elle (le meilleur de sa discographie d’après l’auteur de ces lignes).

L’année suivante, c’est Charles qui est lâché… par 4AD, pour résultats insuffisants. Mais le bonhomme a autant de ressort que son ex-bassiste. A peine largué par son label historique, il s’en va signer sur American Recordings, la prestigieuse maison de Rick Rubin. Et sort peu après The Cult of Ray (1996), une galette de bon gros rock, minimalement produite par lui-même, qui tourne complètement le dos à ses deux premiers albums solo. The Cult est un nouvel échec commercial, plus cinglant encore que Teenager. Charles est obligé d’enchaîner les concerts des deux côtés de l’Atlantique pour arrondir ses fins de mois, ce dont il ne se plaint pas trop d’ailleurs.

Loin de faire marche arrière, il décide de radicaliser son nouveau style en proposant, en guise de quatrième album, une douzaine de démos enregistrées avec les trois mercenaires (Lyle Workman, jeune prodige de la guitare, auteur des plus beaux solos de Teenager, David McCaffrey, basse, et Scott Boutier, batterie) déjà présents sur The Cult. C’en est trop pour American Recordings, qui a bien voulu fermer les yeux sur l’échec du Cult mais attendait quelque chose de différent pour se rassurer. Il faudra plusieurs mois à Charles pour dénicher un label disposé à sortir ses précieuses démos.

Frank Black and the Catholics – tel est le nom fantaisiste de son groupe, suggéré par sa femme Jean – sort finalement en mai 98 chez Play It Again Sam (en Europe) et SpinArt (aux USA). Bien que plus égal et plus agréable que The Cult, il attire surtout l’attention par son côté live et carré, qui le distingue nettement de la production du moment. Plutôt bien reçu par la critique, il n’a cependant pas droit à plus de quelques lignes dans une presse rock qui, à de très rares exceptions près, a décrété une bonne fois pour toutes que Frank Black ne pourrait jamais égaler Black Francis.

Charles n’en a cure. Tout heureux d’avoir retrouvé un label, il n’attend que quelques mois pour sortir, début 99, son cinquième opus solo, Pistolero, privé du génie de Lyle Workman mais consciencieusement servi par Rich Gilbert, guitariste polyvalent et expérimenté. Plutôt décevant malgré quelques titres inspirés et des riffs parfois redoutables, Pistolero semble en fait réunir les déchets de son prédécesseur (la plupart de ses titres ont d’ailleurs été composés en 1997, en même temps que ceux de Frank Black and the Catholics). Il est boudé par le public et descendu en flammes par la critique, qui n’attendait sûrement qu’un album moyen de Frank Black pour se déchaîner sur l’assassin des Pixies.

L’an 2000 est une année de maturation pour Charles comme pour Kim. Le premier négocie le virage musical le plus audacieux de sa carrière, tout en se cherchant un nouveau label européen (ce sera Cooking Vinyl) ; la deuxième s’apprête à ressusciter – enfin – ses Breeders, dans une configuration inédite, cette fois très masculine : Richard Presley à la guitare, Mando Lopez à la basse et José Medeles à la batterie…

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05 février 2006

III - De Black Francis à Frank Black (1990-1992)

Sorti en août 90, Bossanova se démarque nettement de ses prédécesseurs. Plus pop, plus calme, il a en outre bénéficié d’un budget important, qui s'est traduit par des sessions studio interminables (deux mois et demi en tout) et une production plus «propre». Les textes eux-mêmes, sans tomber dans les sentiers battus, traitent de sujets un peu plus accessibles et explicites, souvent empruntés à la science-fiction. Malgré (ou grâce à) cela, l'album, boosté par un single fluide et séduisant, Velouria, fait à son tour un carton dans les classements indépendants. Une longue tournée s’ensuit, qui confirme et asseoit l’extraordinaire popularité du groupe en Europe, notamment en Grande-Bretagne et en France.

De retour en studio début 91, les Pixies décident de prendre, une fois de plus, leur public à contre-pied en sortant un cinquième album rugueux, voire cradingue, en tout cas très différent du précédent. Charles lui a déjà trouvé un thème, l'espace, et un titre : Trompe le Monde (une trouvaille de Ken Goes, qui l'amuse beaucoup). Reste à écrire et à roder les chansons qui vont avec…

En fait, le problème n’est pas d’écrire mais plutôt de définir une orientation précise. Tenté par un rock franchement métallique, pour ne pas dire agressif, Charles a, d’un autre côté, très envie de recourir aux subtils claviers de son ami Eric Drew Feldman (Captain Beefheart Magic Band, Pere Ubu) pour se reposer un peu et renouveler le son Pixies. Marier ces deux ambitions sur un titre, ou même sur un disque, n’est pas chose aisée, et la plupart des nouvelles compositions esquissées avec Eric Drew Feldman finissent à la corbeille ou au placard. Petit à petit, Trompe le Monde s’oriente vers un punk-rock saturé qui ne satisfait que Charles et Joey, et encore, pas complètement.

La tournée Trompe le Monde démarre en France le 28 mai. La violence des nouveaux titres – et de la setlist en général – surprend et déroute tout le monde, même ceux qui s’y étaient préparés. Sorti au début de l’automne, l’album se vend moyennement bien en Europe et très mal aux USA, où le Nevermind de Nirvana cartonne au point d’éclipser toutes les autres sorties. Loin de se décourager, Charles décide de prolonger la tournée américaine, commencée en octobre. En février 92, les Pixies rejoignent le mastodonte irlandais U2 pour assurer sa première partie. Mais la foi n’y est plus, Kim a manifestement la tête ailleurs (les Breeders s’apprêtent à sortir un EP, Safari, en attendant d’enregistrer un deuxième LP) et, pour ne rien arranger, les fans de Bono n’accrochent visiblement pas au son des Bostoniens.

Ce calvaire dure deux mois, au terme desquels Charles annonce son intention de prendre une année sabbatique. Plutôt soulagée, Kim en profite pour réunir ses Breeders (qui incluent maintenant sa sœur jumelle Kelley à la guitare et Jim McPherson à la batterie) et entamer la tournée Safari qu’elle avait initialement prévue pour le début de l’année. Entre deux concerts, elle écrit les chansons du futur LP Last Splash.

Charles n’est pas inactif lui non plus. A peine libéré de ses obligations pixiennes, il retrouve Eric Drew Feldman – qui a pris part à la tournée Trompe le Monde – pour préparer avec lui son premier album solo. Nick Vincent (à la batterie) complètera l’effectif en studio.

Le 31 décembre 1992, Ken Goes reçoit un fax lapidaire de Charles, officialisant la fin des Pixies. Le manager refusant de jouer les intermédiaires, Charles apprend lui-même la nouvelle à Joey, qui mettra quelque temps à s'en remettre. Kim et David ne seront informés que plusieurs jours après.

Le scoop, en réalité, ne surprend pas grand monde : cela fait plusieurs semaines déjà que Charles, devenu Frank Black, fait la promo de son opus solo, clamant à qui veut l’entendre que Black Francis est mort et que les Pixies ne l’intéressent plus…

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04 février 2006

II - Gigantic (1987-1990)

Le premier opus pixien atterrit dans les bacs le 12 octobre 1987. Come On Pilgrim – expression tirée de la chanson Watch What You're Doing de Larry Norman, une des idoles de Charles – inclut huit des dix-sept titres enregistrés en mars, présentés à l’état brut. Plutôt bien accueilli en Grande-Bretagne, il peine à s’imposer aux USA en dehors du cercle très réduit des fans de rock indé. C’est pourtant là que les Pixies donnent la quasi totalité de leurs concerts, entre fin 87 et début 88.

Il est déjà temps de penser au deuxième album. Le matériel ne manque pas, une bonne partie est même déjà en boîte depuis mars 87. Mais 4AD, cette fois, veut une véritable production. Ken Goes choisit Steve Albini, un adepte convaincu du son live, plus exigeant artistiquement que financièrement. Les sessions ont lieu à 2-Division, l’un des studios les moins chers de Boston, et se réduisent au strict minimum, quinze jours.

Surfer Rosa sort en mars 88. Il fait tout de suite une forte impression, au point que les Pixies raflent la vedette aux Throwing Muses lors d’une tournée commune en Europe. Avant même cette tournée, Surfer conquiert la première place dans les classements indé britanniques. 4AD décide d’en extraire un single. Ce sera Gigantic, dans une nouvelle version, plus courte (il faut penser aux radios...) et un peu moins agressive. Pour l’ego chatouilleux de de Charles, c’est une petite claque : en effet, Gigantic, écrit par Kim Deal, est le seul titre de l’album qui ne porte pas sa signature…

Fin 88, le groupe retourne en studio sous la houlette du producteur britannique Gil Norton, plus «commercial» que Steve Albini mais aussi plus souple et plus raffiné. Cette fois, à une brillante exception près (le très ancien Here Comes Your Man), tous les titres enregistrés sont récents. Logiquement, le style Pixies se radicalise, côté paroles et musique. Les textes, qui échappent à toute interprétation littérale ou distanciée, sont servis par des mélodies capricieuses, tour à tour évidentes et épineuses, séduisantes et glaçantes, sereines et explosives.

A peine sorti en avril 89, Doolittle s’installe en tête des classements indé britanniques. Quelques semaines plus tard, à la surprise générale, il fait une percée dans le fameux Top Ten. Ce triomphe profite à Surfer Rosa, notamment en Europe continentale, où les Pixies étaient presque inconnus jusque là. L’Amérique, elle, continue à bouder le gang bostonien, peu enclin à tourner des vidéos pour séduire MTV. Charles ne s’en offusque guère : à choisir, il préfère être reconnu en Europe – dont il admire la culture et l'ouverture d'esprit – que dans son pays.

Les Pixies devraient donc nager dans le bonheur. Ce n’est pas le cas. Nullement préparé au succès ni aux grandes tournées (souvent improvisées aux Etats-Unis), le groupe manque de repos et de sérénité. De plus et surtout, Charles se méfie toujours de Kim, qui lui a volé la vedette un an plus tôt, et Kim souffre de sa méfiance. Pleine d’espoir et d’ambition après le succès de «son» single Gigantic, elle a dû se contenter d’un rôle secondaire sur Doolittle, ne signant qu’un seul titre (le bref et discret Silver), d’ailleurs co-écrit par Charles et relégué à la 14e place sur l’album. Du coup, fin 1989, profitant d’un break un peu plus long que d’habitude, elle fonde les Breeders avec Tanya Donelly (demi-sœur de Kristin Hesh et deuxième guitare des Throwing Muses), Josephine Wiggs (basse) et Britt Walford (batterie) et dans la foulée enregistre Pod, un excellent LP de 30 minutes, produit par Steve Albini.

Quand leur album sort en mai 90, les Breeders se sont déjà séparés depuis longtemps pour retrouver leurs formations respectives habituelles, et Kim elle-même est à Los Angeles où les Pixies préparent leur quatrième galette, Bossanova. Malgré une promotion modeste – 4AD, qui le sort, craint qu’il ne fasse de l’ombre aux Pixies – Pod reçoit un excellent accueil en Europe. Vexé, Charles marginalise un peu plus sa bassiste…

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03 février 2006

I - De Charles Thompson à Black Francis (1965-1987)

Né en 1965 à Boston, Black Francis / Frank Black, qui n’est encore connu que sous le nom de Charles Michael Kittridge Thompson IV, connaît une jeunesse mouvementée. Il a tout juste un an quand ses parents se séparent. Sa mère se remarie avec un agent immobilier qui investit comme d’autres jouent au poker et dont les revenus en dents de scie provoquent de nombreux déménagements. La petite famille finit par se fixer à Los Angeles en 1973, mais changera plusieurs fois de quartier les années suivantes.

Très tôt, le jeune Charles se découvre une passion pour la musique, encouragée par sa mère, son père et son beau-père, qui n’hésitent pas à mettre tous la main à la poche pour la satisfaire. Il apprend plusieurs instruments mais se décide assez tôt en faveur de la guitare. Il s’intéresse aussi, avec un enthousiasme qui n’empêche pas le recul, à la Bible – essentiellement à l’Ancien Testament – et aux ovnis (sa mère et d’autres membres de sa famille auraient eu plusieurs fois affaire à eux).

Adolescent timide et quelque peu sauvage, Charles privilégie les loisirs solitaires comme la lecture, l’écriture, le cinéma et bien sûr la musique. Remarquablement imperméable aux modes, il écoute tout et n’exclut rien, et ne laisse à personne le soin de modeler ses goûts. Donovan, les Beatles et Peter, Paul et Mary sont alors ses idoles ; il ne découvrira le punk-rock (les Ramones et Iggy Pop) que bien plus tard, au milieu des années 80. Tout naturellement il commence à composer des chansons.

De retour dans le Massachusetts pour étudier (1983), il prend tout de suite en grippe le monde universitaire, et plus encore le milieu estudiantin, ce qui ne l’empêche pas de se lier d’amitié avec un de ses camarades de chambrée, un certain Joey Santiago, guitariste débutant mais doué, avec qui il partage certains goûts musicaux ainsi qu’une flagrante incapacité à se couler dans le moule universitaire. Né à Manille (Philippines) le 11 juin 1965, Joey étudie l’économie dans le seul but de rassurer son père, un riche anesthésiste qui le verrait bien en businessman.

Désireux de changer d’air, Charles participe à un programme d’échange culturel qui l’expédie pour six mois à Porto Rico, fin 1985. Ce séjour est une déception à bien des points de vue, mais il a au moins le mérite de lui inspirer la décision la plus importante de sa vie : celle d’abandonner ses études pour se consacrer entièrement à la musique. D’abord hésitant, Joey finit par suivre l’exemple de son ami.

Entre deux répétitions, Charles et Joey recrutent une bassiste, Kimberley (dite Kim) Deal, et un batteur, David Lovering. Née à Dayton, Ohio, le 10 juin 1961, Kim a de la présence, de la détermination et de l’humour à revendre – autant d’atouts qui font oublier à Charles qu’elle n’a encore jamais touché à une basse de sa vie. David (né le 6 décembre 1961), pur Bostonien et électronicien touche-à-tout, pratique la batterie avec talent, mais très occasionnellement et sans ambition particulière.

Authentiques autodidactes, tous – à l’exception de Charles, de loin le plus ambitieux de la bande – manifestent un étrange mélange d’enthousiasme et de détachement, frôlant la désinvolture. Pourtant, en quelques mois seulement, les Pixies (ainsi se sont-ils baptisés sur la proposition de Joey) se construisent un répertoire impressionnant et largement original, aux deux sens du mot. Dès septembre 86, ils enregistrent une première cassette comprenant une quinzaine de titres, dont une seule reprise, In Heaven, chanson tirée du film de David Lynch Eraserhead.

Les Pixies ne passent pas longtemps inaperçus. Leur look (presque plouc), leur style (on ne peut plus sobre), leur musique (à la fois agressive et enjôleuse, tout en contrastes), leurs lyrics (dépourvus de messages mais truffés de références plus ou moins évidentes à la Bible, au surréalisme ou à la psychanalyse) prennent à contre-pied un public gavé de rock lourd et conformiste. Charles en particulier – rebaptisé Black Francis – fait sensation avec sa voix capable de toutes les audaces et de toutes les mutations.

Grâce à Kristin Hersh, leader des Throwing Muses, un autre groupe atypique signé par le label britannique indé 4AD, les Pixies rencontrent Gary Smith, ingénieur du son aux studios de Fort Apache, qui les convainc d’enregistrer des démos pour lui. Charles prend l’affaire très à cœur. La veille du grand jour, il enregistre quinze démos en version solo et acoustique, histoire de se roder (ces démos composeront bien plus tard le premier disque du double album FrankBlackFrancis). Le lendemain, les Pixies entrent en studio pour une session de trois jours, au cours de laquelle ils mettent en boîte dix-sept titres originaux.

Nous sommes en mars 87. Peu après, toujours grâce à Kristin Hersh, le groupe se trouve un manager de renom, Ken Goes, puis un label, 4AD…

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02 février 2006

Trivia

Les infos suivantes proviennent principalement de Frankblack.net et de l'excellente biographie d'Emmanuel Dazin, Pixies (Castor astral, 2005).

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- Contrairement à ce que l’on croit et écrit souvent, Frank Black n’est pas né à Long Beach (Californie) mais à Boston (Massachusetts), le 6 avril 1965.

- Il avait tout juste trois mois quand sa mère observa pendant une heure et demie une «grosse soucoupe volante» dans le ciel nocturne du Nebraska. Une expérience dont il n’a évidemment gardé aucun souvenir, mais dont le récit l’a suffisamment marqué pour lui inspirer deux chansons (Manta Ray et Dancing the Manta Ray).

- Lui-même, bien plus tard, vécut une aventure similaire avec son frère Errol, racontée dans sa chanson Le Cigare Volant.

- Avant de se mettre à la guitare, Frank Black a joué de la batterie.

- A 8 ans, il possédait tous les albums des Beatles.

- A 9 ans il donnait son premier concert, interprétant à cette occasion Why Oh Why de Woody Guthrie.

- Vers 10-12 ans, il s'improvisa boulanger pour se faire un peu d'argent. «Je ne suis pas sûr qu'il se soit fait beaucoup de fric comme ça, précise Neal, un de ses anciens voisins à Harbor City. Mais son pain était sacrément bon.»

- Sur le forum de FrankBlack.net, le même Neal a fait quelques révélations sur la jeunesse de l'artiste : «Je le connaissais sous le surnom de Chucky. (...) A l'époque, il gratouillait déjà la guitare, mais il n'avait pas de sujets d'inspiration. Sa mère avait une soeur beaucoup plus jeune qu'elle, Dee Dee, qui n'avait en fait qu'un an ou deux de plus que Chucky. Nous vivions tous dans une cité près d'une patinoire. Chucky, sa mère et son frère vivaient dans un immeuble, son grand-père, sa grand-mère, son arrière-grand-mère et sa tante Dee Dee vivaient dans un autre, et moi et ma famille habitions quelques portes plus loin. Chucky, Dee Dee et moi traînions ensemble, nous passions notre temps à torturer le frère de Chucky (qui était une petite peste) et son arrière-grand-mère (qui était un peu sénile). Je n'en suis pas trop fier mais bon, nous n'étions que des gosses. La famille de Chucky était assez religieuse, à l'exception du grand-père, qui pariait aux courses deux ou trois fois par semaine. Chucky et son frère étaient tous les deux des gamins sensibles avec un côté artiste, mais ils étaient aussi des malabars, et Chucky en particulier était très costaud. Je me souviens qu'un jour il m'a salement botté le cul pour avoir emmerdé son petit frère. Je suppose que ce jour-là il est passé du mode "grand frère tortionnaire" au mode "grand frère protecteur"...»

- Il n'avait pas plus de 15 ans quand il écrivit la première ébauche de Here Comes Your Man et de Velvety (notamment...).

- Fan de Donovan depuis toujours, Frank Black a repris deux de ses compositions, Sleep (b-side de St. Francis Dam Disaster) et Atlantis (bonus track sur l’édition japonaise de Honeycomb).

- Cette admiration pour Donovan est l’un des points communs qui ont rapproché Frank et Joey à la fac, en 1984.

- Outre Donovan et les Beatles, Frank Black admire (entre autres et par ordre alphabétique) Beck, David Bowie, The Clash, Roger Daltrey, Ray Davies, Fats Domino, Bob Dylan, Freddy Fender, Brian Ferry, Hüsker Dü, Larry Norman, Pere Ubu, les Pogues, Iggy Pop, les Ramones, Lou Reed, The Replacements, les Rolling Stones, Doug Sahm, Del Shannon, Bruce Springsteen, They Might Be Giants, les Violent Femmes, Tom Waits, Brian Wilson et Neil Young.

- En 2000, Frank Black, entouré des Catholics et d'Eric Drew Feldman, enregistra dix titres pour un album intitulé Sunday Sunny Mill Valley Groove Day, qui devait hélas ne jamais voir le jour. Quatre de ces titres (Constant Sorrow Man, Pan American Highway, Angst et Sleep) finirent en b-sides et trois autres (I Will Run After You, His Kingly Cave et Le Cigare Volant), réenregistrés, trouvèrent finalement leur place sur Black Letter Days, Devil’s Workshop et l’édition japonaise de Dog in the Sand.

- Aux dernières nouvelles, Frank Black écouterait plus de jazz (Chet Baker notamment) et de classique que de rock.

- Contrairement à bon nombre de rockers de sa génération, Frank Black n’a jamais touché aux drogues dures. Son intérêt pour les champignons hallucinogènes – qui transparaît clairement dans certaines de ses chansons – aurait pris fin en 1988, après un bad trip à Graceland, conté de façon cryptée dans His Kingly Cave.

- Errol, le jeune frère de Frank, a repris le bar que tenait jadis leur père à Hyannis (Cape Cod, Massachusetts).

- Frank Black, son ex-femme Jean Marie et l’ex-Catholic Dave Philips ont joué dans une petite comédie indie de science-fiction, The Low Budget Time Machine, de Kathe Duba-Barnett (2003).

- Depuis 2004 Frank Black vit à Eugene (Oregon) avec sa nouvelle épouse, Violet, qui lui a déjà donné deux enfants, Jack, né le 7 janvier 2005, et Lucy, née le 20 avril 2006. Il possède une deuxième maison à Portland.


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01 février 2006

Fast Man / Raider Man lyrics

(Merci à Frank Black et à son fansite)

IF YOUR POISON GETS YOU (Frank Black) We heard it all/in halls of pain/it wasn’t good/There was a call /in baggage claim/it wasn’t good/She had a hunch/it wasn’t lunch/it wasn’t good/They drove a spike /into the punch/it wasn’t good/Heaven’s boys protect you/I am almost there/If your poison gets you/I will be on time/If you sink to madness/Say a little prayer/If your poison gets you/I am down the line/Now once again/to halls of pain/when will it end?/God’s machines/say its your genes/when will it end?/Why hast thou/forsaken me/again and again?/You always said/“When will it end?”/when will it end?

JOHNNY BARLEYCORN (Frank Black) Have you been to the fields?/Something there made me aftraid/Like dying younger/If the ground never yields/We will feel the hunger/Take him out with the seeds/Roll him on the barren ground/Mix blood and water/Do not doubt our every need/She will feed/look what we got her/Clear the way for Johnny Barleycorn/This is the day that surely he will be reborn/Bring down the blade on Johnny/He shall be the one that will be torn/Ringing out the new year/Sing out the names of the dead/Like Johnny Barleycorn/Give him a cheer/Hey/ Can you hear the newborn?

FAST MAN (Frank Black) Someone said I should leave/Shook my head/No no no/Tangled web that we weave/So I said/I will go/I’m a fast man/I go a thousand miles ‘fore I get me to sleep/You think I exaggerating, baby? That ain’t nothing to me/See me I’m gunning it just as fast as I can/I’m a fast man/Though I am such a fool/If I can I’ll be driving to the end/Here i am in Ullapool/I haven’t a plan/Just to turn me round again/I’m a fast man/Here I am, here I am,/I’m just lost again, everyday/Here I am outside Cheyenne/Trying to get back to sleep/Under the stars/Scenic view after dark/Full of fret as I weep/Listening to cars as they pull in for a park/In Cheyenne.

YOU CAN’T CRUCIFY YOURSELF (Frank Black) While I sit and think of another song that we can sing/You can fret and think of another wrong I did bring/And I can’t move the sun, babe, to make you shine/I’m the only one who can say that this light is mine/I think I’ll close my eyes while you snap/Where’s my map? I think I’ll go/And did you know?/You can’t crucify yourself/No, that takes two/Maybe you could use some help/And if you do/just say you do/Every pickle comes from cucumber/You don’t have to act appalled/Where’s my door and where is my number/I’m lost in these hallsAnd I’m not saying I don’t like your carrion/But your preacher’s pride is just like Marion/And when I felled a bird then you’d laugh at your half that you let rot/now, doll, here’s thought/You can’t crucify yourself.

WANDERLUST (Frank Black) When the wheels hit the road/When cryin’ mode makes you feel on the brink/Tis of you that I think/When the plane takes me far/And you are going insane/So it seems/Tis of you that I dream/When the ship leaves the bay/And you stay in the slip/Far behind/It is you on my mind/When the train takes me far/And you are going insane/Like your caught/You’re in my every thought/When my shoes start to walk/And you’re knocked out and blue/It is you that I love/It is you.

SEVEN DAYS (Frank Black) Seven days will get you there/Seven plates of bone/I won’t pray to get me there/Get there on my own/Goin’ yonder where I was born/The place where I was partly raised/Have you been to Boston Town/The place where I was born?/Seven days will get you there/Seven plains of corn/Lord knows I’ve been all around/Roaming all around these plains/On my way back home from seven years/In seven days/Seven winters blown like seven players/Who had no cheer/Seven summers grown the seven ways to all my tears/On my way back home from seven years in seven days.

RAIDER MAN (Frank Black) All my life I’ve been digging Polish black coal/It wasn’t much but you know I could play that role/They laid me off and so I kept my pail/And now I wait in bushes down by the rail/Raiderman/got no choice about it/Raiderman/jumping up, there on it/Raiderman/gonna take a little bit now/They hired me back and traded my pail for a stick/And now I chase the ones with a pail and a brick/I chased my cousin, it wasn’t no big deal/I lost my legs when I slipped beneath the coal train wheel/My cousin tries to put something in my bowl/And now I wish I never left that darkened hole.

THE END OF THE SUMMER (Frank Black) A house is made of mortar and wood/Yet sinks in the mud to decay/A house becomes a ghost in the heart/Of those who have gone far away/A town is born of silver and stone/And beaten to sand by the tide/A town becomes a mark on the soul/Of those who will cross that divide/Come unto me, we’ll lie in the grass/We won’t be ashamed/Summer will pass/Felling a tree to hide from the wild/Weaving the reeds to cover our child/Save me/The ghost in my heart/Save me/The mark on my soul/Save me/The end of the summer/Save me/I’m not feeling whole/A clan is made of marriage and blood/The jourmey is our only prize/And if a clan is rent into two/You still have her lips and his eyesThis place is made of water and rock/Yet burns in the pyre of the star/My love for you is stronger than that/I’ll find you wherever you are/A house is made of wood/A town is born of stone/A clan is made of blood.

DOG SLEEP (Frank Black/Reid Paley) You took me down into the valley/I didn’t know you were so deep/You left me standing at the river every time/Now I’m gettting that dog sleep/But I could not leave/I’m getting that dog sleep/But I could not leave/Every day I look around/Then I put my head back down/I’m living on dog sleep/But I could not leave/I’m living on horse meat/But I could not win/I’m living on horse meat/But I could not win/Every day I’m back in town/Then I’m walking around and around/I’m living on horse meat/But I could not win/Little bird, come shine to meet me/Come out from beneath your wing/Let me hear you sing/Turn around, light up the morning/Little bird, where have you been/Every little thing/Let me hear you sing.

WHEN THE PAINT GROWS DARKER STILL (Frank Black) I am just a weary singer/Moving through this world of ills/Hark the choir of predecessors/When the paint grows darker still/Once I found a golden trumpet/In the mash of an old landfill/Now I play for the spirits/When the paint grows darker still/Winter waited in my garden/When the sun did refuse to shine/Honey bees all in a slumber/Skies filled up the sea/Falling down on me/See his eyes turn to stain glass/Head to toe in a black road kill/Here I am for your judgement/When the paint grows darker still.

I’M NOT DEAD (I’M IN PITTSBURGH) (Frank Black/Reid Paley) I don’t want you to worry, i’m okay/Just didn’t want you seeing me this way/We tried to talk about it but we didn’t understand/We never really talked much, anyway/I finally found a place all my own/A place where all good sinners can get stoned/I’ll keep my holy vision, you keep your stupid pride/you said I couldn’t make it on my own/But I’m not dead, i’m in Pittsburgh/And now I can’t get out of town/I’m not dead I’m in Pittsburgh/They got me all strung up, come cut me downLike the weeds in all the cracks/All my memories come back/Like some Alleghenny smack in the face/Its all just one big monkey house to me/Just living ain’t the same as being free/Don’t stop and think about it, it’ll only make you sad/Come put me out my misery/Cuz I’m not dead, I’m in Pittsburgh/Where a man can lose his mind/I’m not dead, i’m in Pittsburgh/They got me suited up for crazy times.

GOLDEN SHORE (Frank Black/Reid Paley) So long I’ve been abiding in dark before the dawn/Come a time to even up the score/You can meet me in the morning/I’ll drink you in like wine/I ain’t never gonna see you anymore/Anymore, anymore/I ain’t never gonna be here anymore/You can meet me in the morning/I’ll drink you in like wine/I ain’t never gonna see you anymore/You know that time’s a-wasting/The sun is very high/I need to find a way to heaven’s door/You can hear me when you’re sleeping/I’ll be whistling in the wind/I’ll see you on that distant golden shore/Golden shore, golden shore/I’ll see you on that distant golden shore/Can you hear me when you’re sleeping?/I’ll be whistling in the wind/I’ll see you on that distant golden shore.

IN THE TIME OF MY RUIN (Frank Black) In the time of my ruin/At the museum I met a curator/She was so nice, I thought I would date her/I was a hawk and I just flew in/In the time of my ruin/I did not know you would be created/Now every day I am elated/Cuz you never know what is brewing/Some pain is good/Sometimes its good to be blind/Some pain feels good/That’s the pain that’s just the right kind/You didn’t know I was a shoe-in/And you didn’t know it was my hour/And you didn’t know that I had the power/In the time of my ruin/They’re caving in the roof/It is falling all around/The floor is going, too/Soon I will be falling on down.

DOWN TO YOU (Frank Black/Reid Paley) I took your hand/The world was young/Now you’re the smoke/And I’m the lung/The sea was full/It’s empty now/And there you were/I don’t know how/It’s so sad, it’s so sad/It’s too bad we bought this/It’s down to you/It’s down to you/It’s down to you/and though its not true, it’s down to you/It was raining like the end of the world/under covers we were children curled/Or were we ancients who bumped our heads and never got out of bed?/Tell me, baby, everything I know/Its not as if we have another place to go/You told me once and you told me real nice/This is paradise/It’s down to you/Sure as I’m blue, it’s down to you.

HIGHWAY TO LOWDOWN (Frank Black) Well me and my friend we walked to the split/Then I headed on home and he headed outbound/I didn’t listen to him/But you can take it from Jim/It’s a highway/It’s a highway/Highway to lowdown/If you’re tired, why don’t you just go to sleep/and if you’re wired I’ll be your brother, you can be my keep/And all these fires, Jim, they just keep following you around/You can’t get found if you’re anything like my good friend James/He wasn’t even underground, I think he was playing all them faster games/I bet you can’t slow down/You’ll be a running man while you pray/Its a highway/Some call it a road and some call it a street/Well say what you will, it leads right out of town/To a desolate land/It will mess up your plans/It’s a highway to lowdown.

KISS MY RING (Frank Black) If you knew what I’ve forsaken/Have you seen me in my gown?/Heavy head that wears the crown/Spilled my seed upon the ground/Go tell on the mountain/If you think I’m mistaken/Bathe here in the fountain/With the accountant/Kiss my ring/I am the greatest/Kiss my ring/Now let it linger/Kiss my ring/Now here’s the latest/Kiss my ring/The magic finger.

MY TERRIBLE WAYS (Frank Black) My terrible ways/they got me in jail/Where some did succeed/I always did fail/But I thought I was fine to wait for the day/When I’d paid for my terrible ways/My terrible ways/They came to and end/when a mighty deluge freed the criminal men/But I stayed in Mississippi/and three souls I saved/and so ended my terrible ways/Terrible ways, terrible ways/sooner or later a criminal pays/And I’ll never have enough, enough/to pay this off/My terrible ways/the govenor forgave/on account of three souls and account of the wave/that took my wife and baby and swept them away/all ‘cause of my terrible ways/Terrible ways, terrible ways/sooner or later I know I’m going to pay/And I’ll never have enough, enough/to pay this off.

FITZGERALD (Frank Black) It’s sad to see your art hanging on the wall/So many pictures there/Yours the best of all/I like the Indian/The one in ballpoint ink/In ancient Massachusettes long before you called/You traded him and many others for a drink/You fingers thick from hammers/Well it really makes you think/And then my father would fill your glass so tall/When I was a kid I gophered in your crew/Always a kind word/and you showed me what to do/and living hammered, well its always hit or miss/but through your cigarette-stained beard/your love rang true/And tho’ you are so loved it had to come to this/You got shut off because you always stink of piss/And now you drink someplace where no one bothers you/Oh, Fitzy.

ELIJAH (Frank Black) Wish I was back there in New England/playing in dirt behind the bar/our shouting voices intermingling with “Little Little Willy” from the car/On the raft down in the harbor/trying to push eachother in/Waving hi to all the fisher boys/going to deep-sea with their kin/Better go see Elijah/Cuz he’s my only friend/Yeah, there’s only us two/It’s just us in the end/Better go see Elijah/got nothing to say/but I know that’s okay/Go see him now,/go see him now/what’s that you say?/On the bus down to Redondo/we’ve got enough for single fare/skating back down to the condos/breathing in that dirty air/Well you were right to never go back/if I had only done the same/Too many years I kept on trying to win that California game/Wish I was back there in New England /playing in dirt behind the bar/I hear our voices intermingling with “Little Little Willy” from the car/On the cliffs above the Blue Coast/was that the last time we were free?/and where has everybody gone to?/or was it only you and me?/Better go see Elijah/I got something to say.

IT’S JUST NOT YOUR MOMENT (Frank Black) We danced down on the sand/Was least a million bands/There was something about the light/From the fires on the shore/to Darin at the Troubador/holding us in his hand that night/It’s just not your moment/cuz that moment is gone/it’s just not your moment/now the light has moved on/The smell of heaven sent/was everywhere you went/but sweet blues went straight to hell/Goodbye my go-go girls/my aggravation pearls/hear the echo in the shell/This is just not your moment/I hear Paris is now/it’s just not your moment/We’re all criminals now/The last time that we kissed/how you say, en parlance/you won’t be sorely missed, no/Gun to my head, got to get moving.

THE REAL EL REY (Frank Black) We made the scene/at the real El Rey/or so they say/so many claimed to be king/i’m going back to Manchester England/I’m gonna learn me to sing/but I’ll beware out there/on the English moor/where so many claim to be king/I’m gonna be the king/I’m going down there to Globe-Miami/I’m going up on the heaps of slag/cuz a bottle of cold Bohemia/that’s the best water I ever had.

WHERE THE WIND IS GOING (Frank Black) I don’t have time for your tears/it’s kinda hard to explain/I got a bird in my brain/I got a dog in my ear/I could be gone for a year/Where the wind is going/Indiana or Spain/Where the wind is going/I cannot get in that line/get to my suffering on time/I hear the whistling outside/I think you think its a witch/she’ll be scratching my itch/she’ll be brushing my hide/I think I’ll go for a ride/Through the barleycorn/through the rows of places I was born/into Babel’s maze/in that dark design/where the neon red of exit signs/leads my simple gaze/Down that river side/where from loneliness I often died/and so many times I will be raised.

HOLLAND TOWN (Frank Black) I used to see you at the Ratskellar/sarcasm of a young feller/tall and mean between the pillars/before you drowned/in a Holland town/you were still the muscle man/when I saw you in a nether land/alcohol and speed were friends/you cycled around in a Holland town/the old pea coat is loose upon your frame/your handshake is strong but you look so short/and your face distorts/you speak no more of someone to blame/was it here below the sea leve/you set adrift your rock and roll/and you got on the dole/you lost your love to some clever devil?/I’m sorry to hear about your sister/she went to far down in the drain/she was trying to dull her pain/the North Sea now is so full of twisters/I want to see you at the Royal Al/I want to see you with some different pals/Don’t want to see you in a Holland town/Don’t want to see you in a Holland town.

SAD OLD WORLD (Frank Black) I know something about true love/I know something/It’s the kind of thing that you screw up/over some dumb thing/I don’t know anyone who doesn’t try to give it a whirl/you better hang on/cuz its a sad old world/cuz its a sad old world/don’t try to tell me its gonna be alright/I know something about sickness/I know something about that now/there’s nothing you can do except witness/no there’s nothing you can do/and when the petals on the flower start to curl/well you better hang on, now,/ you better hang on/cuz its a sad old world/cuz its a sad old world.

DON’T CRY THAT WAY (Frank Black) Years flew away/I saw her standing there/our last parking lot/cuz we didn’t have a prayer/liquid roses trying to confess/don’t cry that way, don’t cry that way/little girl I feel so helpless/The city far below/I let a river pour/in our corner room of glass/we had a sad contest/beneath your skin you found two rivers more/don’t cry that way/Do they know as they fight their way upstream/have they a reason to know why?/here we go into the analyzer’s dream/and when we get there do we die?/Hey brother count the ways that I am blessed/but I am cursed with your image as a child/silently like chicklets in the wild/don’t cry that way, don’t cry that way/little boy I feel so helpless.

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