¡BLACKOLERO!

Frank Black, Black Francis, Pixies, Breeders

30 septembre 2008

Brownie Mountain

Comme le savent déjà les fidèles de frankblack.net, les télespectateurs de la chaîne Cartoon Network ont pu entendre Black Francis et Violet Clark entonner une chanson inédite, Brownie Mountain, dans le dernier épisode d'un programme modestement intitulé Tim And Eric Awesome Show Great Job.

Attention... c'est assez psychédélique (pas la chanson... bref, vous verrez bien).


Cliquez ici pour télécharger une version MP4 (compatible iPod, lisible avec QuickTime).
Un grand merci à trobrianders pour ce fichier.



Les intrépides reporters Dean Katsiris et Brian Salvatore ne se sont pas contentés de dénicher cette pépite, ils ont également recueilli les commentaires de Notre Héros, en pleine mini-tournée australienne. Violet et lui se déclarent "grand fans des comiques Tim et Eric. Nous avons été honorés de prêter nos voix à la fin de [ce dernier] épisode."

"Je n'ai pas écrit cette chanson", a clarifié plus tard Black Francis dans un message posté sur le forum de frankblack.net. "Violet et moi nous sommes contentés de la chanter."

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16 septembre 2008

Le (vrai) retour du podcast

Nous l'avons attendu, espéré, guetté... le podcast de frankblack.net est de retour, et pour de bon cette fois. Et en images s'il vous plaît ! Pour leur 3e saison, Brian et Dean ont en effet décidé d'introduire de la vidéo dans leur indispensable rendez-vous blackien.

Ce nouveau format leur permet notamment de présenter la vidéo de Half Man réalisée par Keith Middlemiss, mais aussi d'afficher pendant les infos et anecdotes relatives aux chansons diffusées. Une sorte de "discopédie" audiovisuelle en somme.

Évidemment, le podcast ne serait pas ce qu'il est sans sa brochette d'exclus, en l'occurrence de nouveaux extraits du Golem.

Assez causé, tous à vos postes : www.frankblack.net/podcast

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15 septembre 2008

Conversation avec Violet (troisième et dernière partie)

Blackolero : Parlez-nous de vos propres expériences musicales. Qu'est-ce que Dunmore ?

Violet Clark-Thompson : Dunmore1, c'est un peu mon Nine Inch Nails. Vous savez que ce "groupe" est en fait composé du seul Trent Reznor. C'est comme ça que Dunmore a commencé : c'était un nom de groupe pour désigner ce qui se résumait grosso modo à moi qui bricolais sur mes synthés et mon ordinateur, et qui faisais des EP. J'ai fini par m'identifier tellement à ce nom que ça devient un surnom maintenant, comme Pink ou je ne sais qui. Donc, ne soyez pas surpris quand vous verrez les crédits sur l'album de Grand Duchy.

Avez-vous trouvé un label pour l'album de Grand Duchy ?

Dieu sait que nous y travaillons. Mais nous tenons à cette idée romantique de passer par un label britannique ou européen, plutôt que par les canaux habituels.

De qui est composé Grand Duchy ?

Grand Duchy est composé de Dunmore Clark et Black Francis. Nous jouons de tous les instruments. Quoique je devrais attribuer le titre de citoyen honoraire à Jason Carter, pour ses encouragements infatigables et pour avoir mixé le disque.

Comment écrivez-vous les chansons ? Ensemble, chacun de son côté et vous les retravaillez ensuite ?... Ou peut-être que c'est vous seule qui écrivez tout ?

Tout ça à la fois. Certaines chansons sont exactement moitié-moitié, d'autres ont été écrites par moi et il est juste arrivé à la fin pour ajouter une fantastique partie de guitare. Parfois c'est ma musique et ses paroles, parfois l'inverse. La seule constante avec Grand Duchy, c'est que c'est une espèce de grande expérience surréaliste d'écriture automatique permanente, spontanée et joyeuse. Avec cinq enfants, on ne peut pas vraiment se permettre tout ce qu'on veut. Alors quand on a un studio réservé, on quitte la maison, on fonce dans la première cabine téléphonique venue pour enfiler nos costumes de super-héros alt-rock, et on va jouer à être artistiques et cool pendant quelques heures. Après quoi on reprend notre personnalité quotidienne juste à temps pour mettre les gosses au lit.

Par exemple, qui a écrit Fort Wayne ? Et comment la chanson s'est-elle retrouvée sur le Net ? Était-ce délibéré ?

Vous voyez, quand on commence à demander "qui a écrit quoi", ça se complique. Pour Fort Wayne, Charles a écrit la musique des couplets et les paroles qu'il chante. J'ai écrit la musique du refrain et mes propres paroles, y compris le passage parlé.

Quant à la fuite, je suis sûre que c'est dû aux "suspects habituels". Je réagis mal à ce genre de chose, mais rétrospectivement, cela semble avoir été une bonne chose, ou au moins un heureux accident, car ça a suscité un intérêt pour notre disque qui ne s'est jamais démenti !

Décrivez-nous la musique de Grand Duchy. Elle a été décrite comme "rafraîchissante" et "fun", mais à quoi ressemble-t-elle ?

Demander à un artiste de décrire sa propre musique est comme demander à un gorille de décrire le goût de ses propres roubignoles. Le gorille ne parviendra jamais à établir le contact entre sa bouche et ses couilles. Il en rêve, mais cela reste un rêve insaisissable.

Allez-vous essayer de faire une tournée à la sortie du disque ?

Un peu qu'on va tourner ! On ne mettra pas les gamins à l'école. On va parcourir le monde.

On a récemment pu lire sur blackfrancis.net que vous étiez déjà au travail sur un deuxième album de Grand Duchy. Où en êtes-vous ?

Nous avons beaucoup de titres non retenus pour le premier disque, plus quelques mixes de David J et des tas de petits bouts et d'amorces de nouvelles chansons.

Que s'est-il passé avec la chanson Black Suit ? Est-il vrai qu'elle auraît dû se retrouver sur la B.O. de Spider-Man 3, mais que vous l'avez livrée trop tard ?

Oui, nous l'avons terminée à la toute dernière minute, mais pour être franche elle avait été mixée dans la précipitation et le résultat n'était pas terrible. La chanson n'était pas tout à fait prête à l'époque. Elle est plus travaillée, plus polie maintenant.

En parlant de délais, Charles et vous devez avoir du mal à trouver le temps d'écrire et d'enregistrer. comment faites-vous ? Nous avons entendu des histoires : que vous écriviez des chansons entières en studio (comme Charles), que vous aviez enregistré des choeurs pour Bluefinger chez vous, pendant le petit déjeuner... Racontez-nous.

Comme je l'ai déjà dit, nous envisageons Grand Duchy comme un projet artistique, ou comme une séance de spiritisme : nous faisons appel à nos muses et suivons l'inspiration du moment.

La chanson pour laquelle j'ai chanté par-dessus un bol de céréales était She Took All The Money. J'ai enregistré ma voix sur un très vieux magnéto à cassettes, et c'est parti au studio en l'état. J'étais sceptique, mais au bout du compte, ça a donné à ma partie une texture vraiment intéressante.

Parlez-nous de l'hommage à The Cure. Comment en êtes-vous venus à y participer ? Avez-vu pu choisir la chanson ? Pourquoi avoir opté pour celle-là ?

Depuis la diffusion de Fort Wayne sur le Net, un certain label s'est mis à nous draguer, à flirter avec nous. Mais le temps passant, ils se sont rendu compte que nous avions la tête ailleurs et que nous visions peut-être plus haut. Alors le type a dit d'accord, vous ne m'offrez pas le disque de Grand Duchy, mais accepterez-vous de participer à cet hommage à The Cure ? Et comme je suis une vieille fan des Cure, comme nous tous je suppose, j'étais très excitée à l'idée de relever ce défi.

J'ai choisi A Strange Day parce que ce n'est pas une des plus connues, elle est plus obscure et c'est une de mes préférées. Maintenant que nous avons terminé l'enregistrement, je suis ravie du résultat! C'est vraiment marrant de voir comment nous avons pris cette chanson plutôt sombre, gothique, morbide pour la balancer dans la machine à "Grand-Duchy-fier". Maintenant c'est presque une chanson joyeuse.

Y a-t-il d'autres groupes que vous aimeriez reprendre ?

Oh oui ! Vous savez, quand on est jeune et qu'on a des étoiles dans les yeux, qu'on chante devant le miroir de sa chambre avec une brosse à cheveux en guise de micro, on commence par chanter les chansons des autres. Il y en a quelques-unes sur ma liste de "chansons dont j'aimerais faire une reprise un jour". A Face In The Crowd des Kinks et European par A Flock Of Seagulls sont au sommet de cette liste. Restez à l'écoute.

Jouez-vous d'autres instruments à part la basse et les claviers ?

Eh bien ce sont les deux dont je peux dire que je sais à peu près jouer. Je fais semblant de jouer de la batterie sur Petits Fours.

Bien entendu, en tant que Français, nous sommes particulièrement intéressés par l'élément "européen" de Grand Duchy. Le nom du groupe fait allusion à un petit État d'Europe du Nord, le titre de l'album est en français, vous avez même un bout de texte en français dans Fort Wayne... Évidemment, nous sommes ravis que vous nous aimiez tant, mais d'où est-ce que ça vient ?

Hum, je ne sais pas. Je crois que c'est vraiment nous. L'Europe est imprégnée d'histoire et de mystère. L'Amérique est imprégnée de ___________ (je vous laisse finir). Donc, voilà, nous sommes europhiles. Anglophiles. Francophiles. Tout me va.

J'ai étudié le français, mes enfants étudient le français. Le français est une langue magnifique et sexy.

Notre truc, c'est d'être des citoyens du monde. Nous voulons créer un univers parallèle où nous serions le roi et la reine de notre propre micro-nation où tout serait cool.

Y a-t-il une once de vérité dans la rumeur (que nous avons bien entendu répandue sans vergogne) selon laquelle vous finirez par vous installer en France avec toute la famille?

Oui.


Propos recueillis et traduits par jediroller


1 Rappel : une chanson de Dunmore figure dans le podcast de FrankBlack.net, épisode 21. (Retour à l'interview.)


Lire la première partieLire la deuxième partie

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08 septembre 2008

Conversation avec Violet (deuxième partie)

Blackolero : Vous semblez venir d'univers musicaux différents. Bien que ses goûts paraissent plutôt vastes, Charles n'a jamais été connu pour être un fan de pop à synthés des années 80 ou de new-wave. Lui avez-vous fait découvrir d'autres musiques (et réciproquement) ? Avez-vous quoi que ce soit à voir avec le fait qu'il ait fait des reprises d'artistes comme Fatboy Slim ou The Good, The Bad And The Queen ?

Violet Clark-Thompson : Eh bien, d'un côté nous venons d'univers différents, mais de l'autre, pas vraiment. J'ai appris la basse dans mon dortoir de fac en jouant sur Surfer Rosa et Doolittle. Ça nous fait au moins un groupe en commun ! Mais oui... je suis presque dix ans plus jeune que Charles, donc mes goûts musicaux se sont formés à une époque totalement différente. Ce qui fait qu'il peut apprécier des trucs comme Bob Dylan ou Jethro Tull, dont je me fiche éperduement.

Bien sûr, je peux apprécier la bonne musique de toutes les époques. Mais au bout du compte, je suis une enfant des années 80. J'ai toujours été attirée par le son des synthétiseurs, je suppliais toujours ma mère de m'en acheter de nouveaux. Il y a quelque chose dans la musique de Gary Numan ou A Flock Of Seagulls, ou même dans les synthés de pas mal de chansons des Cars, que je trouve vraiment excitant et exaltant. C'est clairement ça que j'aime, et je serai toujours cette personne-là.

Je crois vraiment avoir initié Charles à la musique synthétique, et aussi à la dance. Par exemple, on est tous les deux branchés sur LCD Soundsystem depuis une paire d'années. Il s'intéressera à n'importe quoi du moment que c'est bon. J'ai dû supporter des heures et des heures de Burl Ives ces cinq dernières années. Au début, ça me rendait vraiment folle. Et puis un jour, je me suis rendu compte à quel point c'est mignon et charmant que mon mari aime tant Burl Ives. Je "pige" complètement Leonard Cohen aujourd'hui. Je "pige" un tas de musiques des années 50. Et Herman Brood !

Charles est vraiment quelqu'un de bien et de noble dans ses goûts musicaux. Toute la musique qu'il aime est vraiment belle, noble et pure.

Mais s'il y a une chose que j'aime chez Charles, c'est qu'il possède plusieurs disques des Cure et de Roxy Music, qu'il sait qui est Wire, et qu'il a tourné avec, ou connu le succès à la même époque que d'autres groupes plus new-wave, ce qui fait qu'il connaît plutôt bien un certain genre de musique auquel il ne penserait jamais à se rattacher lui-même. Mais les fans n'hésiteraient sans doute pas à associer les Pixies à un certain nombre d'autres groupes "cool". Simplement, lui ne voit pas les choses du point de vue d'un fan, ce qui fait qu'il est difficile pour Charles de comprendre qu'il est, ou a été, aussi branché que Love And Rockets ou même Public Image Limited, ou je ne sais qui.

En ce qui concerne les reprises, il en a fait beaucoup au fil des années et elles ont toujours été très variées. Réunies, elles ne forment pas vraiment une image claire, ça part un peu dans tous les sens. S'il est obsédé par un truc à un moment donné et que l'occasion se présente d'enregistrer, c'est ce qu'il fera. C'est ce qui s'est passé avec la chanson de The Good, The Bad And The Queen. Certes, je m'attribuerai sans hésiter une part de responsabilité dans son regain d'enthousiasme pour un personnage et un style de musique plus abrasifs. Mais je ne peux pas en dire autant quand Charles se met à grimper sur la batterie tout en rappant sur The Rockafeller Skank. Quel esprit génial pourrait imaginer un plan pareil, sinon celui de notre homme en personne ?

Quelle est votre impression par rapport aux fans ? Vous êtes vous sentie bien accueillie par la communauté des "überfans", comme Charles nous appelle parfois ? Vous souciez-vous seulement de ce genre de choses ?

Eh bien oui, je me soucie de ces choses-là. Je serai éternellement flattée que des gens que je ne connais pas personnellement puissent m'associer à leur amour de Charles et montrer de l'enthousiasme pour la contribution, quelle qu'elle soit, que j'ai pu apporter à sa carrière. Je ne suis pas élitiste. Spirituellement, je suis opposée à ce type de mentalité. Donc, pour moi, si mon mari ou moi-même faisons de la musique "cool", et si quelqu'un quelque part peut la reconnaître comme telle, eh bien cette personne est aussi "cool" que nous, c'est une sorte de synergie.

Les fans de Charles sont en général des gens incroyablement intelligents, drôles et charmants. Donc oui, j'aime beaucoup les fans.

Quand vous avez commencé à faire des choeurs sur les chansons de Charles, vous attendiez-vous à la comparaison avec Kim Deal ? Comment réagissez-vous à cela ?

La première fois que j'ai fait des choeurs pour Charles, c'était sur deux chansons de Fast Man Raider Man. J'étais enceinte de Lucy et je ne me sentais pas vraiment comme la plus grande rock star du monde. J'avais fait un disque toute seule avant de rencontrer Charles, mais j'étais paralysée par la timidité et le doute. J'avais donc vraiment beaucoup de craintes à dépasser. It's Just Not Your Moment et... je ne sais plus quelle était l'autre, représentaient un premier petit pas vers une plus grande visibilité.

Mais quand Bluefinger est arrivé, j'avais beaucoup plus confiance en moi et j'étais prête à me lancer, à être créative et à prendre quelques risques. Est-ce que je m'attendais à être comparée à Kim Deal ? Mon Dieu, non. J'avais envie de faire un bon boulot, parce que dans un sens je me rendais compte que prenais virtuellemnt son rôle. Mais j'imaginais être la seule à y penser, c'était une réflexion personnelle destinée à me stimuler. Je n'aurais jamais rêvé de devenir un sujet brûlant de débat ou d'analyse...

Ce que je voulais vraiment que les gens sachent, quand le disque est sorti et que tout le monde en parlait, c'était que mes contributions à Bluefinger étaient nées de façon naturelle, spontanée, en s'amusant. Je n'ai pas essayé consciemment d'être "Pixies-esque". Charles n'a pas écrit Bluefinger pour les Pixies, donc ces voix féminines n'avaient pas été écrites pour Kim Deal. Il ne les a d'ailleurs pas écrites du tout. C'est moi qui en ai improvisé la majorité, parfois sur le moment, parfois en écoutant les premiers mixes. On n'a rien répété, rien planifié. Il m'a juste guidé sur la fin d'Angels Come to Comfort You et m'a incitée à essayer différentes choses, ce qui a donné un bon résultat.

Il n'avait même pas prévu de voix féminine sur Threshold Apprehension, mais je l'ai supplié de me laisser essayer des choses que j'entendais sans cesse dans ma tête. Les "ouh-i-ouh". Je les entendais tout le temps, et aussi les harmonies du refrain. Lui disait "Non, on passe à la suite". Mais le producteur, Mark [Lemhouse], a dit "Non, vas-y Violet, fais-nous entendre ça". Et je suis si heureuse d'avoir insisté, parce que je trouve que ça rend vraiment la chanson bien meilleure, ça donne une dimension plus accrocheuse à ce qui est par ailleurs une chanson plutôt simple et macho. Et ça lui donne cette saveur new-wave à laquelle je reviens toujours. Donc, oui, entendre des journalistes conclure que ces lignes avaient été écrites pour Kim, c'est tout simplement ridicule. Mais c'est aussi très marrant. Qui ne serait pas secrètement ravi de pouvoir être comparé à une célèbre rockeuse que tout le monde trouve géniale ?

(À suivre...)

La première partie est ici.

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04 septembre 2008

Un message de Violet...

à tous les petits curieux qui voulaient savoir comment Frank avait eu son adresse (ils se reconnaîtront) :

"Non, je ne lui ai pas donné mon adresse email ! Je ne lui ai même pas dit mon nom de famille. Je lui ai seulement donné mon prénom et j'ai mentionné que j'étais étudiante en histoire de l'art à l'université de l'Oregon.

Charles a donc joué au détective : à l'aide de ces deux indices, il a trouvé mon adresse mail dans le répertoire des étudiants, sur le site internet de l'université.

Voilà."

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01 septembre 2008

Conversation avec Violet (première partie)

Histoire de fêter dignement cette rentrée, que diriez-vous d'une nouvelle exclu Blackolero ?

Celle-ci nous fait particulièrement plaisir. Voilà fait un bout de temps que nous voulions accueillir Violet Clark.

Il faut dire que, non contente d'être la seconde épouse de Charles Thompson et la mère de ses enfants, la dame s'est peu à peu imposée comme partenaire musicale de Black Francis, posant sa voix puis sa basse sur les compositions de son mari, pour finalement le convaincre de former avec elle un duo "euro-pop" sous le nom de Grand Duchy.

Un personnage si important de l'univers blackien ne pouvait nous échapper plus longtemps.

Cet été, nous sommes enfin parvenus à contacter directement celle que le bassiste de Bluefinger, Dan Schmid, a surnommée ici "la Grande Duchesse". Elle s'est déclarée flattée et nous a répondu avec beaucoup de générosité. À tel point que sa seule réponse à notre première question suffit à remplir la première partie de cet entretien, qui en comptera trois.

(P.S. : et pour ceux qui n'auraient pas deviné, Violet était l'informateur anonyme cité dans notre récent message à propos de Pete Yorn.)

* * *


Blackolero : Racontez-nous comment vous êtes devenue Mme Black Francis.

Violet Clark-Thompson : J'ai déménagé du Missouri vers Eugene, dans l'Oregon, pour terminer mon master d'histoire de l'art en 1996. Comme je suis fille unique, ma mère s'est aussi installée ici pour se rapprocher de moi. En 2003, je vivais ici depuis un bon moment, j'avais eu deux enfants et je travaillais pour un musée tout en faisant des recherches pour ma thèse sur Milton Avery. J'adorais mes enfants, mais pour le reste j'étais un peu perdue. Professionnellement, je ne savais pas trop où j'allais, et j'étais engluée dans une relation qui battait sérieusement de l'aile. En fait, mon compagnon était si déprimé qu'il pouvait à peine quitter le canapé et passait son temps à dormir quand il ne travaillait pas. C'était sinistre, et je savais que j'allais partir, mais je n'arrivais pas à imaginer comment ni quand.

J'avais perdu l'habitude d'aller voir des concerts depuis que j'avais des enfants. Mais c'était une tradition pour ma mère et moi d'aller voir les Catholics au WOW Hall, chaque année en avril ou en mai. En 2003, ce concert avait lieu le jour du cinquième anniversaire de mon fils Julian, et j'étais partagée à l'idée de sortir ce soir-là. Mais j'avais organisé une super fête de pirates pour lui, il dormait profondément, et ma mère insistait vraiment (me harcelait) pour que j'y aille parce qu'elle avait déjà acheté les billets. J'ai fini par enfiler un joli petit ensemble et sortir en catastrophe.

Nous étions assez proches de la scène et la foule était bien excitée et en sueur ce soir-là, mais j'étais fatiguée et je suis restée les bras croisés, un peu en retrait, observant Charles (ou plutôt Frank pour moi à l'époque !) au lieu de baver et de crier et de péter les plombs comme tout le monde. Je n'avais acheté aucun de ses disques depuis The Cult Of Ray, mais ma mère avait suivi tout ce qu'avaient fait les Catholics et c'est vraiment pour ça que j'allais à ces concerts, pour lui tenir compagnie.

Ce soir-là, je me suis rappelée que j'avais vu un concert de Frank Black à Genève des années plus tôt, à l'époque de Cult Of Ray. J'étais avec un garçon, mais je me sentais beaucoup plus attirée par le type qui était sur scène... Mon coeur dansait la gigue. C'était peut-être une prémonition de notre future vie commune !?

Si vous connaissez Charles, vous savez qu'il déteste les groupies et qu'en général il ne parle pas aux filles qui viennent à ses concerts. Mais apparemment, il a été marqué par la vision de cette fille à la dégaine d'artiste qui se tenait au deuxième rang, l'air indifférent, les bras croisés. Enfin c'est lui qui le dit !

Au bout du compte, nous nous sommes rencontrés par hasard sur le parking après le concert. Je traînais, pas très pressée de rentrer à la maison après une soirée sympa en ville, un événement rare pour moi. J'étais là, dans l'allée, à regarder le groupe charger son matériel. C'était à l'époque où ils le faisaient encore eux-mêmes. Je n'arrivais pas à croire que Frank Black doive trimballer son propre matériel. Et tout à coup, le voilà qui arrive et qui pose un ampli juste devant moi. Je lui demande comment il se fait qu'il doive encore porter son matériel lui-même. J'ai immédiatement regretté d'avoir ouvert la bouche ! J'avais entendu dire qu'il pouvait être vraiment, vraiment désagréable et j'avais peur de le mettre en rogne ! Mais au lieu de faire le grincheux, il était tout timide et gentil. Il m'a regardé droit dans les yeux et a fait une réponse amusante, du genre "Je faisais ça dans le ventre de ma mère". On a discuté pendant un quart d'heure. En réponse à ses questions, je lui ai dit que je m'appelais Violet et que j'étudiais l'histoire de l'art à la fac. On a un peu parlé d'art. Puis les autres gars l'ont appelé dans le bus. On s'est dit adieu. Et c'était tout. J'étais fière d'avoir rencontré Frank Black, heureuse qu'il soit gentil et pas grincheux. Je suis rentrée à la maison, j'ai embrassé mes enfants et je suis allée me coucher.

Quelques jours plus tard, je jetais un oeil à mes emails. Je fais partie des gens qui vérifient leur dossier "spam" un jour sur deux, parce qu'il arrive souvent que des messages important atterrissent là. Mais à l'époque, je le faisais beaucoup plus rarement. Bref, ce jour-là, je ressens le besoin de vérifier mes spams. Eh bien, il y avait là un court message sibyllin signé "Charles", qui disait "Heureux de t'avoir rencontrée" ou quelque chose comme ça. Je n'étais pas une "über-fan" au point de savoir que le vrai nom de Frank Black était Charles, et il m'a fallu un moment pour assembler le puzzle. J'ai presque balancé le message à la corbeille. Et tout à coup, j'ai eu une illumination. Une recherche sur Google confirmait mon intuition - OUAH ! Frank Black s'appelle en fait Charles Thompson !? Et il m'a envoyé un message il y a trois ou quatre jours et j'ai failli le balancer ! J'avais du mal à y croire. Je me disais "Oh, c'est super, il veut qu'on soit amis". Il ne me serait jamais venu à l'esprit qu'il avait craqué sur moi. J'étais loin de me douter qu'il avait déjà dans l'idée de faire de moi la mère de ses enfants !

On a échangé des mails. Je ne voyais en lui qu'un ami vraiment cool. J'avais vu des photos où il portait une alliance. Il la portait peut-être quand on s'est parlé au concert. J'étais donc sceptique. Petit à petit, j'ai entendu parler de la fin de son mariage et découvert qu'il était à nouveau célibataire. J'étais à la fois soulagée et intriguée.

Il se passionnait pour l'astrologie chinoise, il me racontait comment il en était venu à s'y intéresser sérieusement. Il avait découvert qu'il était Serpent et que les Serpents s'entendaient pariculièrement bien avec les Boeufs. Il savait donc, dès sa séparation d'avec Jean, que sa prochaine femme devrait être Boeuf. Après ça, on a regardé ma date de naissance et j'ai été abasourdie de découvrir que j'étais, en fait, née sous le signe du Boeuf. C'est à ce moment-là qu'il a vraiment commencé à me faire la cour. Cela confirmait ce que son intuition lui avait soufflé - que je serais la prochaine Mme Thompson !

À la fin de la tournée, environ deux semaines plus tard, Charles a sauté dans sa Cadillac et conduit tout droit jusqu'à Eugene. Je vivais encore avec mon futur ex, il restait donc quelques petits soucis à régler. Notamment quand il s'est fait prescrire du Prozac et qu'il est soudain revenu à la vie, se rendant compte qu'en fait il nous aimait vraiment bien, moi et les enfants ! Mais au mois de juin j'avais déménagé avec Julian et Annabelle et Charles cherchait un loft à Portland. Et nous étions raides dingues l'un de l'autre, c'en était écoeurant !

(À suivre...)

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